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LES ORIGINES DU CANAL

 

Vers le début du XVIIème siécle, la Loire, grand fleuve navigable, formait une voie de communciation de premier ordre. Une flotte assurait entre Nantes et  Roanne, un trafic intense de voyageurs et de marchandises. On transportait sur la Loire des sels de Basse Bretagne, du charbon du Forez, du bois d’Auvergne, des ardoises d’Angers, des vins de Touraine, des meubles et pierres de Volvic, des savons de Marseille, de la soie de Lyon, des étoffes d’Orient, morues et baleines séchées, épices des Indes et d’Amérique dont la majeure partie était destinée à l’approvisionnement de la Capitale.

La navigation sur la Loire n’était pas de tout repos. Le fleuve avait un lit peu profond qui se déplaçait à chaque instant au hasard des crues fréquentes et subites. Dès Charlemagne, on avait songé à en canaliser le cours. L’administration de l’Ancien Régime entretenait de son côté des équipes de cantonniers chargés de curer, nettoyer, chevaler et baliser les passages difficiles.

Mais en dépit des multiples inconvénients qu’elle présentait, la navigation sur la Loire était considérable. Le fleuve formait un moyen de communcation relativement sûr et peu coûteux pour les machandises lourdes et pendant tout le Moyen Age et les XVème, XVIème et XVIIème siécles, la Loire connut une ère d’intense prospérité. Ce ne fut qu’au milieu du XVIIIème siècle que la navigation devint plus difficile, le lit du fleuve ayant tendance à s’ensabler de plus en plus. Mais quoiqu’il en soit, les grandes villes riveraines et même les villages tiraient richesses, profits et avantages de cet intense trafic. Servant de ports d’embarquement ou de débarquement et d’entrepôts pour les marchandises, Nevers, la Charité, Cosne, Gien et Orléans assuraient après transbordement, le charroi des marchandises vers les rivières d’Essonnes, d’Etampes, de Loing, d’Yonne et de Seine où reprenant l’eau, elles étaient acheminées vers Paris. Mais ces transbordements indispensables étaient non seulement coûteux mais encore allongeaient-ils notablement la durée des parcours et augmentaient les risques de bris, de perte ou de vol car les routes n’étaient pas toujours sûres et bien des convois étaient pillés ou rançonnés.

A l’avènement de Henri IV, c’est dans un pays ravagé par les guerres civiles avec des finances à bout de souffle, des provinces entières dépeuplées et ruinées et une armée transformée en bandes redoutables et indisciplinées que le roi et son grand ministre s’appliquèrent à redresser le pays. Les charrois par route étaient longs et coûteux. Un seul bâteau représentait l’équivalent de près de trente chariots et son entretien coûtait au plus le double de celui d’une voiture. La circulation par eau était donc quinze fois plus économique que la circulation terrestre tout en offrant des avantages plus grands de sécurité et de conservation des marchandises transportées. Henri IV et Sully devaient assurer la jonction des grandes rivières entre elles et permettre ainsi de relier la Méditerranée à la Manche et à l’Océan. Le Canal de Briare se trouvait incorporé dans ce plan gigantesque.

Ainsi dès 1604, Sully concevait la construction des trois canaux de Briare, du Centre et de l’Est. Le premier fut seul mis en chantier du vivant d’Henri IV. La Loire et la Seine étaient de grandes voies navigables de premier ordre recevant ensemble une vingtaine d’affluents. Leur jonction devait donc présenter immédiatement des avantages considérables. Le Canal projeté était relativement court : une douzaine de lieues. Sa construction ne semblait pas devoir entraîner des dépenses considérables. Enfin le Canal de Briare permettait d’amorcer la grande ligne de navigation Sud-Est / Nord-Ouest qui devait faire communiquer la Manche avec la Méditerranée. La jonction de la Loire avec la Seine ouvrait sur Paris un chemin direct, rapide et peu coûteux et permettait d’assurer un ravitaillement régulier de la capitale dont l’approvisionnement constituait un grand souci pour Henri IV et Sully. L’entreprise était hardie pour l’époque car les bassins de la Loire et de la Seine sont séparés en leurs parties les plus rapprochées, c’est à dire entre Rogny et Briare, par une série de vallonements formant un plateau dont le point culminant se trouve près du Rondeau à une altitude de 173 métres qui constitue la ligne de partage des eaux alimentant les deux bassins. Il s’agissait de faire franchir cette dénivellation assez importante puisqu’elle est de l’ordre de 50 mètres par rapport à la Loire, à Briare, à une voie d’eau artificielle qui par définition ne pouvait présenter que des plans strictement horizontaux. L’invention par Léonard de Vinci dans les dernières années du XVème siècle, des écluses à sas vint améliorer notablement le système de construction. Les canaux à écluses à sas munies de doubles portes marinières donnèrent la faculté de franchir d’importantes différences de niveau et permirent de joindre deux ou plusieurs rivières situées dans le même bassin.

Mais la condition indispensable à la construction de canaux de ce genre était qu’ils ne devaient pas avoir de seuil à franchir ; ils ne pouvaient passer par-dessus les éminences importantes de terrain et rendaient absolument impossible la jonction de deux rivières situées dans des bassins différents. Un gentihomme provençal Adam de Crapone conçut le projet d’opérer la jonction de la Méditerranée avec l’Océan en faisant communiquer le Rhône et la Saône avec la Loire au moyen d’un canal à écluses à sas échelonnées creusé à travers le Charolais. Les guerres de religion, les troubles politiques empêchèrent la réalisation de ces canaux qui présentaient la grande originalité de posséder une alimentation d’eau suffisante en leur partie la plus élevée pour assurer la montée et la descente sur les deux flancs d’une montagne. Le principe du canal à point de partage était ainsi découvert en théorie.

Restait à mettre en œuvre sur le terrain les principes généraux posés par Adam de Crapone et ce fut l’œuvre personnelle de Hugues Cosnier qui s’inspirant de l’invention de ses devanciers la modifiant, la complétant, l’améliorant par toutes sortes d’inventions. La construction du Canal de Briare, œuvre de longue haleine, ne put être menée à bonne fin d’une seule traite. Commencée en 1604, elle ne fut achevée qu’en 1642. Il fallut donc trente huit années pour que le premier bateau monté de la Loire put descendre le Loing.

Source : D’après Pierre Pinsseau, Le Canal Henri IV ou canal de Briare , Paris : Office d’édition du livre d’histoire, 1997.

 

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